Après la Tunisie, l’Egypte, la vague révolutionnaire a touché le Moyen-Orient : Bahrein, Libye, Yemen… La péninsule arabique est touchée de plein fouet par ces mouvements populaires. Hier soir les premières manifestations ont eu lieu à Doha. Des milliers de manifestants se sont rassemblés pour faire connaître leur mécontentement aux autorités locales. J’ai tenté de me rendre sur la zone de manifestation mais la police et l’armée ont vite fait de cantonner et refouler les foules sur des zones en dehors du centre ville et d’empêcher tout à chacun de s’approcher vers ce lieu. De là où j’étais je n’ai entendu que des coups de feu, sans vraiment pouvoir identifier d’où ils venaient. Un curieux qui avait un appareil photo à la main s’est fait charger par la police montée et matraquer jusqu’à lâcher son appareil. Plusieurs hélicoptères ont survolé la ville. Un couvre-feu immédiat a été décrété et l’ensemble de la population a eu ordre de retourner et rester chez elle. La tension est palpable et les forces de l’ordre ne font pas dans la dentelle. La radio francophone Oryx FM, comme toutes les autres, a cessé d’émettre. Les connections internet et téléphoniques classiques ont été suspendues et je pense que le téléphone portable va suivre. J’envoie donc ce post comme un message dans les airs via mon gsm en espérant arrive sur ce blog. Les services de l’Ambassade belge signalent que des brouilleurs radio sont en cours de déploiement et que son personnel fait tout son possible pour tenir le Monde informé via son site web (?). L’armée a pris place aux principaux carrefours de la ville ainsi qu’aux principaux Carrefour pour éviter les pillages. Il n’est plus possible de sortir de l’hôtel où je suis car des gardes sont placés aux entrées. Ils ont des listes des personnes logées à l’hôtel et ont fait le tour des chambres pour vérifier que tout le monde est bien là et surtout pas ailleurs. Ce matin, au lieu d’entendre le prêche du muezzin, c’est la sirène d’alarme de l’hôtel qui a retenti. Paniqué, j’ai sauté du lit pour aller voir à la fenêtre ce qui se passait. Dehors, sous un soleil levant irradiant les immeubles en construction autour de l’hôtel, il n’y avait aucune âme qui vive. Pas ombre qui bouge. L’armée n’était plus au carrefour. Juste le ronronnement sourd d’un groupe électrogène qui fonctionne encore. C’est vendredi, premier jour du week-end. Personne ne travaille. Ce n’était qu’un mauvais rêve./.